Nous vivons dans une époque de changement, surtout dans le domaine du travail. Le temps où les travailleurs occupaient le même emploi toute leur vie et se définissaient par leur travail est révolu.

La mobilité de la main-d’œuvre, les mutations, les compressions budgétaires, les restructurations et fusions d’entreprises ont redéfini le monde du travail. Hélas! Chaque année, des milliers de Canadiens voient leur poste coupé. Nous n’avons qu’à penser aux annonces récentes dans le domaine des institutions financières et de l’aéronautique.

La première réaction est souvent la stupéfaction, suivie d’un sentiment de perte et d’anxiété. On s’inquiète pour l’avenir, on se remet en question et on se demande si on aura assez d’argent. Pour ceux d’entre vous qui sont dans une telle situation, trois conditions sont essentielles à la réussite de votre réorientation de carrière. Les deux premières sont une attitude positive et un plan solidement établi. La troisième est une bonne gestion de vos ressources financières.

Votre indemnité

Lorsque vous quittez votre emploi, volontairement ou non, vous pouvez recevoir une indemnité de départ. Il s’agit d’une somme unique qui peut inclure une indemnité de fin d’emploi, vos crédits de congés de maladie non utilisés ou une prime en reconnaissance de votre contribution. En jargon fiscal, il s’agit d’une allocation de retraite. C’est cet argent qu’il vous faut protéger. À défaut de prendre les mesures appropriées, vous courez trois risques :

  • Impôt : votre indemnité est imposable à moins que vous la mettiez à l’abri.
  • Dépenses : certaines personnes cèdent à la tentation de dépenser la majeure partie ou la totalité de l’argent de l’indemnité et se retrouvent à court d’argent.
  • Placements : avec une gestion avisée, votre argent pourrait fructifier davantage.

Le risque lié à l’impôt

Lorsque vous recevez l’indemnité en un seul versement, vous avez deux possibilités :

Toucher la totalité de la somme. L’argent sera alors traité comme un revenu imposable l’année où vous le recevez. Si la somme est importante, votre revenu imposable pourrait se retrouver dans une fourchette d’imposition supérieure.

Verser directement une partie ou la totalité de la somme dans un régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Cette option vous permet de reporter l’imposition de la somme reçue, le temps de fixer vos priorités. En effet, votre allocation, ou au moins une partie de votre allocation, pourrait être admissible à un transfert dans un REER sans aucune incidence sur vos droits de cotisation non utilisés. Pour calculer le montant admissible au transfert, il faut additionner :

  • 2 000 $ pour chaque année ou partie d’année où vous avez travaillé pour votre employeur avant 1996
  • 1 500 $ pour chaque année auprès de cet employeur avant 1989 où vous n’aviez pas de droits acquis dans un régime de retraite agréé (RPA) ou un régime de participation différée aux bénéfices (RPDB)

La somme ainsi calculée constitue le montant maximum pouvant être transféré directement au REER sans retenue d’impôt à la source.

Dans l’éventualité où la somme reçue excèderait ce maximum, vous pourriez toujours utiliser vos droits de cotisation à un REER non utilisés pour cotiser à votre REER ou au REER du conjoint.

Si jamais vous avez besoin d’argent, vous pourrez en retirer de votre REER en tout temps, mais vous devrez alors payer de l’impôt sur ces fonds l’année du retrait.

Évitez de trop dépenser

Le meilleur moyen pour éviter les dépenses excessives est de dresser une liste de vos priorités lorsque vous quittez votre emploi. Parlez-en avec les membres de votre famille et décidez ensemble de la meilleure façon de dépenser cet argent, à court terme et à long terme.

Une stratégie détaillée et bien planifiée vous assurera le meilleur usage possible de votre argent, compte tenu de votre situation et de vos besoins.

Gestion du risque de placement

Que votre argent de retrouve ou non dans un REER, vous voudrez qu’il soit investi le mieux possible. Vous devez tenir compte de plusieurs choses en prenant vos décisions de placement : revenu à court terme, revenu à long terme, une combinaison des deux. Le but de la présente chronique n’étant pas de parler de stratégies de placement, nous ne saurions trop vous recommander d’en discuter avec votre planificateur financier afin d’élaborer un plan personnalisé.

Ne précipitez rien

À l’aube d’une nouvelle vie, vous avez une foule de décisions à prendre. Que vous songiez à réorienter votre carrière en utilisant le Régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP) pour retourner aux études ou que vous vous demandiez comment investir votre indemnité, prenez votre temps. Consultez un planificateur financier pour bien connaître toutes vos possibilités. Parlez de vos projets avec vos proches. Des décisions financières éclairées et intelligentes sont non seulement gage de tranquillité d’esprit, mais aussi de sécurité financière.

Quelques conseils en rafale

  • Essayez de retarder le plus possible l’utilisation de cette indemnité. S’il y a un deuxième revenu dans la famille, tentez de vivre avec ce revenu uniquement.
  • Votre allocation de départ aura pour effet de retarder votre admissibilité à l’assurance emploi, du même nombre de semaines. Ainsi, si vous recevez une allocation représentant 26 semaines de salaire, vous ne pourrez bénéficier de l’assurance emploi avant 6 mois. Nous vous recommandons cependant d’ouvrir votre dossier à Emploi et Développement social Canada (EDSC) le plus tôt possible afin d’éviter les délais lorsque vous deviendrez admissible. En espérant que vous n’aurez pas à en bénéficier.
  • Si vous avez une hypothèque sur votre propriété, sachez que les prêteurs sont ouverts à reporter jusqu’à quatre mensualités pour vous aider dans cette période difficile. N’hésitez pas à le demander, il n’y a pas de honte à recourir aux solutions qui sont disponibles.
  • Avant de prendre une décision, n’hésitez pas à demander conseil à un planificateur financier, aux responsables des ressources humaines de votre employeur, à votre syndicat le cas échéant, au bureau d’Emploi et Développement social Canada, mais peut-être pas à votre beau-frère…
  • Même si vous êtes plusieurs employés à subir le même sort, rappelez-vous que les décisions pour l’un ne sont possiblement pas souhaitables ou optimales pour l’autre qui a une situation financière ou familiale différente.

Cette chronique se veut une source d’information générale. Elle ne vise pas à dispenser des conseils sur les placements ou les impôts. Nous vous recommandons de consulter votre planificateur financier, comptable, fiscaliste ou un professionnel du droit avant d’entreprendre toute mesure fondée sur le contenu de cet article.